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Tu savais que ta partenaire n’approuvait pas cette idée, mais tant que tu en avais pas le cœur net, tu te devais de rencontrer cette voix. Tu la sens te retenir par un pan de ta cape & tu sais pertinemment qu’elle a raison et pourtant : tu continues d’avancer. Tu sens l’inconnu greloter de par ses larmes et tu serres encore plus ce petit morceau de verre du bout de tes doigts jusqu’à t’en effleurer la main.



Ta question ne trouve pas de réponse ; non voilà qu’il hurle d’une façon qui te transpercerait presque les oreilles et te plaque au sol. Le morceau verre manque de t’échapper lorsque ton dos heurte la terre ; mais tu ne penses à rien d’autre que vivre. Survivre. Si t’y passes, il se jettera sur elle aussi. Tu paniques ; tu peines à respirer, mais c’est sans réfléchir un instant que tu lui plantes ton morceau de verre dans l’orbite droit en hurlant ; ça ne te ressemble pas, mais tu veux vivre coûte que coûte. Alors tu te débats.


«  Va t'en. »



Etais-ce adressé à ton acolyte de fortune ou à ton agresseur ? Tu ne saurais plus le dire.

Dire que tu ne le sentais pas, c’était un euphémisme. Si ça avait eu l’air d’être des plaintes d’enfant, lorsque tu étais arrivée à sa hauteur, tu avais aussitôt remarqué qu’il s’agissait plutôt d’un homme. Tu avais bien tenté de te faire comprendre … mais tu n’avais pas pu être claire avec Aslan, si bien que finalement, maintenant, il était bien trop tard. Tu le comprends lorsqu’il se retourne vivement vers vous deux. Clyde Tanoshi. L’acteur. Le prof de théâtre. C’est de lui qu’il s’agit. Et tu as à peine le temps de constater à quel point il est abîmé, que déjà, il se jette sur Aslan. Il mord, sans réellement y parvenir. Il griffe. Il étrangle. Et le premier réflexe de ton équipier, c’est de se servir de son arme pour l’atteindre à l’œil. Il se débat, supplie … qu’il s’en aille ? Ou que tu t’en ailles ? Alors là, il rêve. Tu soupires lourdement avant de balancer un violent coup de pied dans les côtes du professeur. Et puis, armé de ton morceau tranchant … tu te mets à le poignarder. Le dos. La nuque. Les côtes. Tu t’acharnes. Le sang gicle, il éclabousse ton costume, tes mains, tes bras, ton visage, et tu continues, encore et encore, tu plantes, tu retires, tu replantes, silencieuse. Concentrée. Habile. C’est presque comme si t’avais fais ça toute ta vie dis donc…

Mentalement parlant ? T’étais perdu. Tu te débattais et ton cerveau arrivait à peine à faire le lien entre les événement et le bon sens. Velvet t’étais venu en main forte ; ça aussi ça t’échappait cette habilité avec laquelle elle s’acharnait sur votre agresseur. Il hurle de douleur malgré sa gorge tranchée ; tu ne te demandes même plus si cela était possible, ça arrivait, c’est tout. Il envoi valsé au loin ta partenaire d’une forcé irréelle. Comment ? Pourquoi ? Allait-elle bien ? Trop de question se bouscule alors que tu arrives enfin à reprendre ton souffle.

Il s’enfuit, rapidement, trop, là encore. Tout te semblait tant dans l’excès. Tu passes des mains sur ton cou ; tu vas bien et avant même de chercher à faire autre chose : tu te précipites aux côtés de celle qui t’avais sauvé.



Tu es désolé, mais tu te l’interdit de le dire. C’était trop tard pour regretter.



«  Tu vas bien ?  »

Tu l’aides à se relever et inspecte son état en repassant la scène mentalement & ça ne et frappe qu’à cet instant…Le professeur de théâtre… mais, pourquoi ?



«  Il n’a pas pu aller bien loin, partons avant qu’il ne revienne. »



T’as vraiment pas envie de le recroiser, tu en trembles, de ce que tu as vu, de ce qu’il s’est passé et de ce que tu ne te croyais pas capable de faire.



«  Désolé. » Au final, tu ne peux quand même pas t’empêcher de le dire.

Ça pénètre la chair à plusieurs reprises, et t’es couverte de sang. Tu l’entends, il continue de pleurer, de gémir. Tu sais que ça fait mal, évidemment, que ça fait mal. Mais c’est pas ce qui t’arrêtes, bien au contraire, tu redoubles même d’efforts pour le dissuader de continuer de tenter de s’en prendre au jeune homme. Et puis. A un moment donné, alors que tu lèves ton arme de fortune une nouvelle fois, tu aperçois l’éclat d’un œil bleuté, et tu prends un coup. Un coup d’une violence inouïe, un coup qui bloque te respiration et qui t’envoie à plusieurs mètres, te faisant échapper un cri de douleur, finalement plutôt discret.

Tu ne te redresses que lorsqu’Aslan te rejoins. Et là encore, tu restes recroquevillée sur toi-même. Seuls tes yeux observent les alentours. Il a disparu. Comment est-ce qu’il a pu disparaître aussi vite, avec autant de blessures mortelles ? C’est … C’est totalement impossible, pour toi, et pourtant. « Comment il a fait ça … ? » Une grimace, et tu finis par te mettre plus ou moins droite … dévoilant ce qui t’as fais souffrir, plus que la chute en elle-même : ton arme, ce morceau de verre, planté dans ton flanc droit. Tu le tenais fermement entre tes mains, tu t’es blessée avec en retombant au sol. Ça fait un mal de chien, même pour toi, si résistante à la douleur. « On va dire ça comme ça. Et cesse de t’excuser. » C’est de sa faute sans l’être … toi aussi t’es imprudente, ce soir. D’ailleurs, c’est étonnant de constater que tu ne l’as pas encore abandonné dans un coin, mort, ou en train de se vider de son sang. Sérieux. Voilà qu’à la place, tu cherches à la protéger. « Faut pas rester là. » Et tu te relèves, le verre toujours en place. T’oses pas le retirer. Pas à cause de la douleur, mais parce que si tu retires, ça va saigner, et si tu perds trop de sang, tu risques de te vider. « On doit atteindre les bâtiments, dépêche-toi, il pourrait revenir. »

Quel enfer. Tu pouvais constater que cette mêlé ne vous avait pas servi à tous les deux, plus à elle qu’à toi d’ailleurs. Tu la trouvais incroyable de rester aussi calme avec une pareille entaille. Tu l’aides à se maintenir debout, avec ça dans la jambe elle allait avoir du mal à se déplacer efficacement sans empirer la plaie. L’infirmerie ? Mauvaise idée, c’est l’endroit parfait pour s’en prendre aux blessés.



«  Je sais pas. Il n’avait même pas l’air… humain. Pourtant, c’était bien Clyde. »



Tu secoues la tête, hors de question d’y penser maintenant ; tu sentais encore ses dents tendant de mordre dans ta chair &t’en frisonne. Tu aides donc ton binôme blessé à emboiter le pas, direction le bloc scientifique. Là-bas vous devriez trouver aussi en réserve de l’antiseptique et des solutions oxygénée, de l’alcool à 90 degrés et tout un tas de truc utile. Tu espérais juste pas y croiser de nouveau un monstre du même type que le foutu prof de théâtre.



«Dis-moi si je vais trop vite.»



Quand bien même il était nécessaire de se dépêcher, vous n'hésitez plus du tout armé et même en position de faiblesse et à votre différence....eux ça ne semblait pas les déranger d'être salement amoché.

Ok. Maintenant, c’est certain que tu seras moins rapide, et sans doute aussi bien moins prudente et attentive. Tu le sais d’avance, tu vas te focaliser sur ta douleur pendant un moment, comme n’importe quel être humain. Tu seras sans doute plus en mesure de faire ce que tu viens de faire avec le prof. Et en plus, t’as plus d’arme, du moins pour le moment vu que ton bout de verre est planté dans ta chair. Aslan non plus, n’a plus d’arme. Tanoshi s’est enfui avec … dans son œil. « Ouais … j’en sais rien. » T’as jamais vu personne être aussi rapide avec autant de dégâts sur le corps. Il aurait déjà dû mourir trois, ou quatre fois, mais non … il avait fuit à une vitesse hallucinante, ce qui, mine de rien à tendance à t’inquiéter.

Tu sais qu’il faut pas rester dehors. On y voit rien, dehors, c’est une vraie catastrophe. N’importe qui pourrait vous sauter dessus, et vous … dévorer. « Il a essayer de te … mordre. » Oui alors, tuer, planter, couper, avec une lame ça t’aurais paru normal. Mais essayer de bouffer un type, ça l’était déjà bien moins. « Depuis quand on a des profs cannibales dans cette fac ? »

Tu te traînes un peu. Et ça inquiète un peu Aslan, visiblement. Tu grimaces. « Je vais bien, t’inquiètes. » Bon, fallait juste qu’on te retire ça de façon sécuritaire, ensuite, tu serais à nouveau plus ou moins en forme et libre de tes mouvements. Là, c’était quand même un peu chaud, fallait l’avouer. « Au fait. C’est Velvet, mon prénom. » … Valait mieux tard que jamais, non ?

Tu n’arrives pas à déterminer si vous étiez chanceux au milieu de cette terrible situation ou si ne pas mourir maintenant ne ferait que prolongé la durée de vos prochaines souffrances. Elle comme toi, vous n’y compreniez rien tandis que vous avanciez pour tenter de vous mettre à l’abri. De toute façon, ça n’avait aucun sens.


« Je ne sais pas putain, mais il avait l’air ... affamé.  »



C’est flou dans ton esprit, mais tu te souviens de la manière désespérée dont il s’est jeté sur toi, on aurait dit un animal en rage. Tu continues d’avancer à ton rythme lorsqu’elle te signale qu’elle s’en sort avant de décliner son identité.



« Enchanté, Velvet. »



Ca détendait presque l’atmosphère. Vous arrivez à l’entrée tu bâtiments & tu vérifies qu’il n’y a personne & que ce soit ouvert avant d’entrer.

« On va te retirer ça. Il faut aussi qu’on trouve autre chose pour se protéger. »



Il y avait pleins de verrerie ici, ça devrait faire l’affaire.

Affamé. Ouais. C’est le mot, et c’est bien ce qui t’inquiète, justement. Toi quand t’as faim, tu prends un sandwich. Ce soir, ça à l’air d’être vous, les sandwichs, et t’avoues que ça te dérange un peu. Tu marches. Tu te traînes, en fait et intérieurement à te fais enrager parce que tu peux pas faire autrement. T’as beau être résistante, à chacun de tes pas, tu sens le verre coupant qui bouge, qui découpe toujours plus de tissus sous ta peau. Manquerait plus qu’il finisse par toucher un truc important … t’aurais l’air fine, tiens. Quelle mort à la con.

Une fois au bâtiment, tu tends l’oreille. Tu laisses Aslan se débrouiller avec la lourde porte … ouverte, heureusement, et tu te faufiles à l’intérieur, rapidement. Des salles et des laboratoires, y’en a des tonnes ici. « Y’a des salles pour la médecine … » Tu fais quelques pas. Tu viens jamais ici, tu sais pas trop où elles sont exactement, mais bon, tu te dis que c’est là que vous avez le plus de chances de trouver de quoi désinfecter ça et possiblement recoudre. « Ils font des … essais sur des mannequins pour la chirurgie, il doit y avoir de quoi faire, je crois … » De toutes façons, t’as pas spécialement le choix, tu vas pas rester avec ça planté dans la ventre pendant des lustres, surtout que tu sens que le sang s’écoule déjà pas mal. « J’espère que les salles sont ouvertes. » Parce qu’avec un tel matériel, normalement, c’est censé être fermé à clé.« Tu reprendras une arme aussi »

Enfin à l’intérieur. Tu ne savais pas si c’était plus ou moins dangereux, mais ce qui était sûr c’était qu’ici on ne pouvait pas vous attaquer de tous les côtés. C’était au moins ça de gagné. Tu jettes un coup d’œil à Velvet qui semble mal en point malgré ses propos. Décidément, il y en a que très peu qui auraient aussi bien tenu. Elle te signale qu’il y a des salles de médecine ici, de quoi la soigner certainement même si il était certain que tu allais faire un mauvais chirurgien : il fallait extirper le verre avant que la plaie ne s’élargisse ou ne s’infecte.

«  Défoncer une porte en bois, reste plus simple qu’un mur.  »



Ou n’importe quoi d’autre en fait. Tu avances dans les couloirs, mais toi non plus tu ne savais pas où étaient les salles et il faisait décidément trop sombre pour trouver un plan. Tu essaies d’ouvrir une porte au hasard et en effet, elle était verrouillée.

«  On va voir à l’étage.  »



Tu regardes autour de toi et heureusement pour vous les extincteurs étaient quelque chose d’obligatoire dans un campus scolaire et encore plus dans un bâtiment de science. Tu en décroche un du mur sur les 3 différents, le plus petit (qui doit faire quand même la taille de ton bras, au passage) ; ça t’aidera au moins à assommer quelqu’un ou à défoncer une porte en attendant de trouver autre chose. 

Une énième grimace. Tu le sens, n’est-ce pas ? Tu le sens, que ça commence à tourner. Que tes pas sont moins assurés, comme si tu menaçais de chuter à chacun de tes mouvements. « Mouais… » Ça paraissait si simple, dit comme ça, et pourtant toi tu savais bien que défoncer les portes de ce bâtiment ne serait clairement pas aussi simple qu’il semblait le penser. Ici, il y avait des outils et des produits dangereux, tu ne doutais pas que tout soit sécurisé … sans doute avec des verrous magnétiques. Tu soupires, plus ou moins discrètement tandis que vous rejoignez l’escalier. Chaque marche est pratiquement un supplice, et pourtant, tu restes silencieuse, serrant les dents, te mordant plusieurs fois l’intérieur d’une joue pour contenir la douleur du verre qui continuait petit à petit de te charcuter.

Arrivée en haut, tu n’en peux plus. Ce truc, tu dois le retirer, c’est plus possible. Alors tu t’avances, tu ne fais plus attention, adieu la prudence et finalement, tu t’arrêtes, t’appuyant sur une porte qui s’ouvre d’elle-même. Par chance … c’est l’une des salles que tu cherches. Du moins, tu en as l’impression. « Je crois que c’est ça … regarde si tu vois un désinfectant, peu importe ce que c’est. » Même de l’alcool ça t’irais, du moment que ça te permet de retirer ce machin pour que tu puisses bouger librement, ou plus librement.

Tu te laisses glisser le long d’un mur, retirant tant bien que mal le tissu gênant autour de la plaie. Tu presses contre ta peau. « Tu te sens de me retirer ça ? » Tu tiens plus … ça fait bien trop mal, si mal que tu as l’impression de devenir folle.

Tu sens que ça presse et que Velvet peine de plus en plus à avancer, l’étage était l’étape de trop. Lorsqu’elle trouve une pièce ouverte, voilà qu’elle s’effondre l’instant d’après. Tu te précipites vers elle pour inspecter de nouveau son état et pose ta nouvelle arme rougeâtre à ses côtés, et c’était encore moins joli qu’avant. Tu grimaces à sa question, mais il n’y a qu’une seule réponse.



«  On a pas le choix.   »



Tu te redresses rapidement et commence à fouiller la salle de fond en comble à la recherche de moindre chose qui puisse vous aider ; tu arrives à trouver des ciseaux, des aiguilles du désinfectant, de l’alcool à 70 degrés et tout à tas de produits et de verreries dans les rangements. Tu retires ta veste et découpe le tissu en bande tandis que tu gardes l’autre moitié pour te servir de chiffon. Tu imbibes le chiffon l’alcool tout comme tes mains pour éliminer un maximum les risques d’infection en t’installant aux côtés de Velvet.



«  J’y vais…   »


Tu inspires un bon coup et soulève son haut pour dégager la zone blessée. D’une main tu commences à retirer le morceau de verre et de l’autre tu commences à faire appui avec le tissu alcoolisé.



«  Tient bon, Velvet..  »

Tu inspires un grand coup, prenant soin de ne pas relâcher ta respiration tandis que tu sens le tissu imbibé venir légèrement faire piquer, bruler ta plaie, tandis que le verre se met à sortir de là, peu à peu. Un vrai supplice. Comme s’il entrait, même douleur, à la différence près que c’est comme au ralenti et que tu ne le supportes pas. Du coup, tu viens attraper le poignet d’Aslan pour le tirer d’un coup sec, retirant le morceau tranchant franchement, d’un coup. Ça t’arrache un bref hurlement, forcément, mais au moins c’est fait, et finalement, reprenant un peu de contrôle tu viens appuyer sur le tissu plein d’alcool. Ça brûle bon sang, c’est insupportable. Tout ça, ça t’a même arraché quelques larmes. « Merde … » Tu regrettes d’avoir hurler. A cause de ça, vous avez sans doute été repérés, et il va sans doute falloir bouger vite. « Merci. » Tu souffles cette fois. Il ne manque plus que de quoi faire un pansement, et le tour sera joué, tu pourras marcher. Du moins tu l’espères.

Tu récupères le morceau de verre. Il est plein de ton sang, mais aussi sans doute du sang du prof de théâtre. Le verre est sans doute un peu fragilisé maintenant, mais au moins, c’est toujours ça, pour te défendre, au cas où. « On aurait peut-être aller à la cafétéria tiens … » Tu te dis que ça aurait été plus simple, et que vous auriez sans doute pas croiser Clyde. Maintenant, c’est trop tard. Hors de question de courir à droite ou gauche, sans réfléchir. T’étais plus en état de bouger sans un minimum de réflexion. « Si on trouve d’autres personnes va avec eux. D’accord ? »

Tu essayais de ne pas trembler durant l’opération improvisé et c’était plus compliqué que prévu. Tu n’oses pas y aller franchement de peur de lui causer une hémorragie, mais sa patience a semblerait-il atteint ses limites et tu la vois prendre ton poignet pour t’aider à arracher objet intrus de son corps. Tu appuis rapidement sur la plaie, assez-fort pour stopper au maxima l’écoulement de son sang avant qu’elle ne prenne la relève. Elle te souffle un merci, tu n’es pas certain de le mériter, mais ça ne t’empêche pas de hocher la tête en guise de « de rien » muet. 

Tu prends alors les bandes que tu avais découpée au préalable pour tenter de lui faire un pansement, tu n’es pas sûr du résultat, ni même du fait que ça allait tenir, mais ça restait mieux que rien. 



« On va essayer de trouver autre chose de mieux, pour le moment…Va falloir s’en contenter.   »



Tu noues un nœud lorsque tu as fini et pousse un soupir. Tes mains son imbibés de sang et continues de trembler depuis que vous aviez croisé Clyde. C’était grâce à elle si tu t’en sortais aussi bien, alors lorsqu’elle mentionna son abandon tu ne pus t’empêcher d’être révolté.



« C’est hors de question que je te lâche. On ira avec eux, ensemble et s’il faut te porter pour avancer, je le ferais.    »



Tu le penses sincèrement & te relève avant d’attraper une verrerie au hasard et de la briser pour la rendre coupante.



« Tu t’y connais en chimie ?   »



Au cas où vous pouviez profiter de tous ces flacons disposé sur l’étagère pour faire quelque chose d’intéressant.

« Ça ira. » T’avais pas besoin de plus. Tout ce que tu fais, c’est serrer l’ensemble un peu plus, histoire que ça tienne et que ça empêche au maximum les éventuels saignements, mais c’est tout. De toutes façons, tu ferais pas mieux dans ton état, et tu doutais de croiser un médecin de sitôt. Ah, Velvet. T’es mal là, hein. Tu le sais, tu le sens. C’est bien pour ça que tu préviens Aslan. Pas question qu’il reste avec toi, si l’occasion se présentait pour lui de trouver un groupe, ou même une autre personne, il devait y aller. Toi … tu avais beau donner l’illusion d’être forte, ta condition humaine te donnait des limites. Tu finirais par ne plus avoir de forces pour avancer. Et tu soupires lourdement, parce que forcément il refuse. « T’es un crétin, Aslan. » Et le pire, c’est que ça te fait rire. Et puis tousser. Et donc ça te fait mal. Putain. C’était pas demain la veille que tu laisserais un type que tu connais à peine te porter. T’allais tout faire pour marcher sur tes propres jambes le plus longtemps possible et après ça, tu resterais sur place. C’est pas si grave … ce serait même une bonne nouvelle pour le reste du monde, en réalité. C’est débile, hein. Parce que s’il savait ce que tu es vraiment, il aurait déjà détalé depuis longtemps. Faudrait peut-être que tu lui dises tiens … histoire de l’éloigner. Ça pourrait lui sauver la vie, de savoir, contrairement à d’habitude.

Tu relèves vivement la tête. Et puis finalement tu te redresses. Ça tire. Ça pique, mais c’est moins douloureux, du moins, t’en as l’impression. « Nan. Je fais psycho … c’est pas le même domaine. » Tu hausses les épaules. « Laisse tomber ça. » Tu t’approches de la porte en soupirant. « Bon … on peut se reposer un peu, et puis … on devrait redescendre je pense. Non ? »

Elle te traite de crétin et au milieu de tout ce beau bordel, ça te fait sourire. Ce n’est ni l’heure, ni le moment, mais t’as pas pu t’empêcher de laisser ce petit rire s’échapper d’entre tes lippes faisant écho au sien.

« Je suis le plus gros abruti de cette planète, si tu savais.  »

Un fond de vérité, tu sais que t’as joué plusieurs fois les cons, mais aujourd’hui c’était presque pour le meilleur. 

Tu voyais bien que Velvet voulait se débrouiller encore seule, du moins pour se déplacer, du coup tu ne forçais pas ; c’est une question de dignité personnelle et tu pouvais le comprendre.  

«  On va faire ça oui.  »



A peine avais-tu acquiescé sa proposition qu’une autre personne fit son irruption dans la salle et en un battement de cils, voilà qu’il s’était jeté sur Velvet à peine soignée. Tu sens tout ton corps être prit d’un frisson et sans réfléchir, tu attrapes la première chose sous ta main –c’est-à-dire une CHAISE- et tu donnes un grand coup dans la gueule de votre nouvel assaillant avant de faire un aller-retour et de lui donner un second coup de chaise.



Velvet ne meurs pas.

T’as repris ton morceau de verre. Il est là, tu le sers dans ta main aussi fort que tu le peux. Tu te maudis un peu. T’es pas à la hauteur. T’es capable de tuer, mais probablement pas de survivre. La plus forte, présentement, c’est pas toi. C’est lui. Ou eux. T’en sais rien. Un être humain est-il capable d’une boucherie pareille ? Tu en doutes. Pas seul. Pas en si peu de temps. L’épaule appuyée contre la porte, tu guettes. Tu fixes l’extérieur, le couloir vide, sombre. Il n’y a rien. Du moins tu ne vois rien … jusqu’à ce que cette douleur te traverse l’épaule. Tu ne comprends pas ce qui se passe, durant les premières secondes. Ton corps cède sous son poids, sous sa force, tu te retrouves bien vite au sol, et tu sens ses crocs plantés dans ta chair. Est-ce qu’il a manqué l’artère ? On dirait bien. Mais ça ne retire en rien la douleur. Le sang coule, le sang gicle, il te quitte en grande quantité. C’est la fin. Ta fin …

Et puis tu entends ce bruit. Oh. Non. Quel idiot … pourquoi est-ce qu’il lutte ? Il doit fuir. Si tes chances viennent de s’envoler, lui, il en a encore une. « P-pars… » Il a réussi à l’éloigner de toi. Tu ne sais pas si c’est provisoire ou non, tu te sens déjà partir. « Asl--… » Regarde toi. En train de ramper au sol, dans le noir total, l’une de tes mains est toujours armée, mais pourtant totalement inutile. Va-t’en. Va-t’en pitié…  « VA T’EN MAINTENANT ! » De toutes façons, il n’y a jamais rien eu a sauver de toi.

La scène s’était déroulé si vite et tu n’avais servi à rien, Aslan.

Lui promettre de ne pas l’abandonner ? Foutaises, t’avais fait mieux que ça : tu l’avais laissée être dévorée sous tes yeux alors qu’elle te suppliait de lâchement sauver ta peau. Quelle ironie. Tu avais essayé de lui porter un coup et il n’en était rien. Ce n’était pas de ta faute pourtant, tu l’avais bel et bien touché, mais tu n’avais fait que le transpercer ; à la manière d’un fantôme. Tu trembles et laisse ton arme de fortune retomber contre le sol tandis qu’il achevait « Velvet ? » ; Ta voix est brisée, tout comme sa chaire. Elle ne répond plus. Elle ne répondra plus. Jamais.



Il se retourne alors vers toi & ton seul instinct te fais reculer d’un pas, puis d’un deuxième. Ton visage se déforme & les larmes te montent. Tu as du mal à trouver ta respiration, tu n’arrives même plus à voir net.



« Pourquoi ? Pourquoi. »



C’était adressé à cette situation, à la chose qui vous faisait face, à Velvet et à toi-même. Tu n’attendais pas de réponse, tu savais que tu n’en aurais pas. Tu n’as pas tenu tes promesses, Aslan & pourtant t’as encore une chance de vivre, t’as encore une chance de t’enfuir. Tu ne l’a mérite pas, pourtant tu la saisies. Tu essuies d’un revers de la main les perles salées de ton visage et te met à courir vers les couloirs. Courir et cacher, c’est tout ce que tu pouvais faire. Alors tu dévales les escaliers en espérant qu’il ne te rattrape pas, parce que tu reviendrais la chercher. Tu ne l’abandonnerais pas seule, dans cette salle, même s’il était déjà trop tard.