Pourquoi c'était toujours tellement compliqué pour toi de rester calme et de supporter les autres ? Pourquoi, Amy, pourquoi fallait toujours que tu tombes dans les extrêmes ? Tu pouvais être normale, pourtant, tu le savais bien. Mais quand il le fallait, pour le bien de tous, tu ne l'étais jamais. Ton cerveau avait sa propre conscience, c'est comme ça. Tu vivais avec un putain d'alien dans le crâne. D'ailleurs, cette simple pensée te donne mal à la tête, tout à coup. Tu viens pincer l'arête de ton nez, fermant les yeux un instant avant de te ressaisir. C'était qui déjà, le crétin, qui t'avais hurlé d'aller à l'infirmerie, ou tu sais plus trop où pour avoir un calmant ? Tu t'en souvenais même pas. T'avais totalement occulter ça, pour être honnête. Tu t'étais juste éloignée et … t'étais allée à l'infirmerie, comme un mouton, ou un toutou bien obéissant. Bon sang, si tu lui remettais la main dessus à ce crétin, il allait en prendre pour son grade, comme ce débile de surveillant qui comprenait pas trop bien la langue française visiblement. "Bonjour Amy-Lou, pourriez vous penser à me rendre ce document ?" T'en avais rien eu à foutre de son document, quel document d'ailleurs ? Il avait fallu que tu soulignes, une fois, deux fois que tu voulais pas qu'on t'appelles Amy-Lou. Amy, ou Lou. Pas les deux. Un seul ! Pas les deux. Jamais les deux. Les deux ça avait le putain de don de te mettre en colère, tu savais pas pourquoi mais … bordel. Tu demandais la facilité. Trois putain de lettre. Et fallait quand même qu'on trouve le moyen de te contrarier. Résultat ? Tu t'étais mise à gueuler comme un putois au beau milieu du couloir, et toi, quand tu commençais à gueuler, non seulement tu devenais vulgaire mais en plus de ça, tu t'arrêtais plus avant un bon moment.

C'est comme ça que t'étais arrivée là. Au fond, ça tombait bien. T'avais choper la migraine maintenant. Tu continuais d'entendre l'autre débile qui braillait que sur ses fiches y'avait écrit "AMY-LOU". T'aurais dû les lui faire bouffer, ses fiches à la noix. Ça t'aurais sans doute un peu diverti, en plus de le faire taire plus efficacement. Bref, Amy. Fallait pas que tu bloques là-dessous ou t'allait y passer ta semaine. Pire qu'un chien enragé. Tu t'arrêtais pas avant un moment quand on osait venir de prendre la tête. De toute façon, c'était tout ou rien avec toi, y'avait jamais de demi-mesure. Soit tu était d'un calme olympien, capable de snober la Terre entière en pleine manifestation, toi tu montait direct dans les tours et là, fallait pas tellement se trouver sur ton chemin. Un peu comme cette boulette de papier abandonnée sur le sol qui se présente devant ton pied et dans laquelle tu shoot avec toute la rage dont tu es capable, la faisait voler à travers le couloir de l'infirmerie.

Insupportable Amy. Sur les nerfs, tu n'étais pas vivable, capable de t'en prendre à tout le monde, peu importe la raison et malheureusement, beaucoup ici en avaient déjà fait les frais. Généralement, ceux qui avait eu la malchance de te croiser s'arrangeaient pour que ça n'arrive plus. Le pire, c'est que la majeure partie du temps, tu t'arrangeais pour paraître totalement infréquentable. Ouais. Et après, tu chouinais auprès de tes peluches que t'avais pas d'amis. Etre toi, c'était pas facile. Ça ne l'avait jamais été, vraiment jamais.

Ton pied vient frapper le morceau de papier roulé en boule, sur le sol. Elle quitte le sol à grande vitesse, s'élève et s'éloigne, tu la suis des yeux un instant, jusqu'à ce qu'elle manque de percuter le visage d'un homme qui l'esquive pourtant avec une rare agilité. Ton visage se déforme sous une légère grimace qui pourtant s'efface assez vite. C'était qui déjà, celui-là ? C'est dingue ça, à quoi point ton cerveau pouvait être sélectif aussi. Des gens t'en croisais plein, des fois tu t'en souvenais, des fois non, et la plupart du temps … c'était non, en fait. Ton nom résonne dans le couloir. Tu le fixes. Essayant de mettre un nom, une fonction sur ton visage, en vain. Tu te demandais même si tu l'avais déjà croisé … Oui. Tu en avais l'impression pourtant. De loin, peut-être. "▬ Non." Droite, immobile, tu tournes la tête, détourne le regard. Avec toi, ça n'allait jamais de toute façon. Tu n'aimais pas te plaindre, en revanche. "▬ Juste mal à la tête …" Évasive. C'est pas toi qui va commencer à lui raconter ta vie au beau milieu du couloir, tiens. "▬ Je venais chercher d'quoi faire passer, j'aime pas avoir la migraine, ça m'énerve." T'aime pas non plus faire la conversation. Mais bon ... tu t'es peut-être un peu trop énervée pour la journée.

Tu as bien conscience de ne pas être particulièrement … avenante, ni même agréable, en réalité. Tu ne sais pas d'où ça vient, c'est là, c'est tout. C'est un presque automatisme, chez toi, de repousser les autres au plus loin de toi. Tu n'avais pas de raisons à donner. Tu n'en avais pas même à te donner à toi-même. T'étais pas psy, de toute façon. T'étais totalement incapable d'analyser et encore moins de comprendre ton propre comportement. Quelle tristesse. N'est-ce pas ? En vérité, tu t'en fichais totalement. C'était toi. T'étais comme ça. Il était sans doute pas encore né, celui qui réussirait à te changer. Surtout que tu n'en avais pas particulièrement envie.

"▬ Fermée …" Fermer oui. Pas ouvert quoi. Ça voulait dire qu'il n'y avait personne. Que tu étais venue jusqu'ici pour rien du tout, et qu'en plus, aucun de ces fainéants qui bossaient ici n'allait être là pour te filer un anti-douleur pour faire la guerre à cette fichue migraine qui n'en finissait pas te torturer, de te tambouriner dans le crâne comme un bon millier de tambours agaçants, et de faire souffrir tes yeux, au point où la lueur orangée des lampe au plafond te donnait l'impression d'avoir les yeux grands ouverts à deux mètres du soleil. Tu viens poser la paume de ta main tout contre ton front, fermant les yeux pour combattre momentanément la douleur tantôt lancinante, tantôt agressive. Tu ne rouvres les yeux, que parce que ton attention est attirée par le bruit du tiroir, puis des clés. "▬ Vous feriez ça … ?" C'était … plutôt gentil de sa part. Surtout que, il n'avait pas réellement l'air de bosser ici, si ? En tout cas, il savait où se trouvaient les clés. Preuve qu'il était habitué à l'endroit. "▬ Vous êtes médecin ? Ou quelque chose comme ça ?" Bizarrement, il n'avait pas du tout l'allure d'un médecin. Du moins, pas pour toi.

Pourquoi pas … Ouais. Pourquoi tout court, aussi, non ? Enfin. Peu importe. Tu supposais que c'était pas super la peine de chercher plus loin. T'allais juste avoir ton cacheton pour au moins minimiser cette migraine. T'avais pas envie de provoquer encore une espèce de baston verbale au beau milieu d'un autre couloir. En fait, t'avais presque envie de calme maintenant, de calme et de solitude. T'aimes pas les gens. C'est pas nouveau. Et en retour, il parait que les gens eux, ne t'aiment pas beaucoup non plus. Tant mieux, au fond, non ?

Tu suis. Il venait d'ouvrir la porte et de t'inviter à le faire … du coup, tu es docile. Tu obéis. Comme une enfant sage que tu n'es pas, pourtant. "▬ Comme quoi, alors, plus exactement ?" Curieuse, Amy. Ça ne te ressemblais pas trop. Tu te fichais bien des autres, de leurs métiers, de leurs filières, de là où ils habitaient. Qu'est-ce que ça pouvait bien te faire, hein ? C'est pas comme si t'étais faite pour avoir des amis. Pas comme si t'étais du genre à sortir, et à aller dîner chez truc, ou encore bidule. Mais ce type … il est sympa. Il t'aide. Il aurait tout aussi bien pu se contenter de te dire de repasser plus tard, voir le lendemain, t'en sais rien. Mais non. Il était là, en train de fouiner sur une étagère pour te trouver ce que tu venais de lui demander. Du coup, tu viens t'appuyer contre le bureau, ou une table, t'en sais rien. Tu y poses tes fesses, le regard fixé sur le dos de cet homme, jusqu'à ce qu'il se retourne, qu'il te serve un gobelet d'eau fraîche, et qu'il vienne t'offrir tes petites pilules à avaler. Un instant d'hésitation plus tard, tu as mis les deux comprimés dans ta bouche, et avaler une belle gorgée de liquide pour faire passer. Tu grimaces. T'aimais pas avaler des comprimés. Bizarrement, ça avait toujours du mal à passer. "▬ Merci Docteur Ouquelquechosecommeça." Tu souris, tout en fixant tes pieds. Tu regrettes déjà un peu de t'être emportée. C'était de ta faute si t'avais mal au crâne. "▬ Vous auriez pas quelque chose contre le sale caractère aussi ? Ou le fait de pas savoir rester zen ?"

C’est plus pour passer le temps, que tu essaies de faire un peu la conversation, parce que non, honnêtement, c’est franchement pas du tout ton truc à toi. Il a été sympa, et patient, alors tu fais de gros efforts pour l’être aussi, surtout que présentement, tu ressens essentiellement de lassitude. De la fatigue. La fatigue d’être toi. Tu étais une personne particulièrement épuisante, et tu ne le savais que trop bien. Parfois, tu te disais qu’il fallait que tu changes. Parfois, tu te mettais au défi d’essayer d’agir plus normalement, plus posément, au moins pour une journée, ou une matinée, mais ça ne fonctionnait jamais. En moins d’une heure, ton caractère était de retour, et tu te remettais à hurler, à te montrer vulgaire.

Psychologue, hein ? Le docteur pour le cerveau. Tu reposes le gobelet sur la table, derrière toi. Franchement, actuellement, t’étais en train de compter le nombre de fois où on t’avait dit que t’avais vraiment besoin d’un psy, et qu’il fallait te faire soigner. Jusque-là, c’était ridicule à tes yeux, parce que pour toi, un psychologue, c’était un vieux bonhomme barbu, moustachu aussi, avec des lunettes rondes, un costume horrible et un carnet pour prendre ses notes. Ouais, ta tête était remplie de foutus clichés. « ▬ Donc, c’est vous le psy qui bosse ici… » C’est lui qu’on t’avait déjà conseillé de rencontrer, mais que tu n’avais jamais pris la peine de venir voir. Inutile. T’avais jamais eu envie de te confier à un inconnu. Et pourtant là, vraisemblablement, t’avais mine de rien commencer à le faire, un peu sans t’en rendre compte. « ▬ On m’a déjà dit de venir vous voir … » Tu l’avoues, oui. « ▬ Mais j’aime pas parler de moi. Alors franchement… je sais pas trop si c’est bien utile. »

Pas oblige de parler de toi ? De quoi on pouvait parler à psy, si ce n’était pas de soi-même ? Est-ce qu’il y avait vraiment des gens qui passaient leurs séances à parler des autres, de la pluie, du beau temps, du dernier film sorti au cinéma ? Comme ça, sur l’instant, ça te parait aussi surréaliste que débile, mais bon. Chacun son truc, après tout. Tu plisses les yeux. En fait, tu cherches quand même à comprendre la démarche, mais tu cherches par toi-même. Flemme de poser la question et de déclencher une conversation dont tu n’étais pas vraiment sûre de vouloir. « Vous avez sans doute raison … » Sans doute, oui. Tu savais pas. Peut-être. Le fait est que du coup, maintenant que t’avais ce psy en face de toi, tu te posais des questions, et t’étais en hésitation. Il était différent de ce que t’avais imaginé, alors t’étais tout simplement en train de te dire que ça se passerait différemment aussi, peut-être.

« Peut-être … c’est pas exclu … » On verra. Sans doute. Ça peut se faire. Ouais. En gros, t’as ni envie de dire oui, ni envie de dire non. Cependant, son sourire te pousse à en demander davantage. « Vous avez, des horaires particuliers ? » C’était toujours mieux de le savoir, histoire que tu ne débarques pas, possiblement un jour, comme tu venais de le faire à l’infirmerie, pour trouver porte close. T’étais certaine que ça finirait de te décourager, ça.

Et quoi, Amy ? T’allais vraiment faire ça ? C’était étonnant de ta part. Très étonnant de penser que peut-être, tu pourrais envisager de parler à un psy. C’était comme avouer que t’avais réellement des soucis … et, est-ce que t’en avais vraiment, des soucis ? Est-ce qu’on pouvait appeler ça comme ça ? Est-ce que ça relevait des compétences de ce monsieur ? T’en savais rien. En revanche, tu avais l’impression que ça pourrait … faire quelque chose. Quoi, tu ne savais pas. C’était juste rare pour toi, de croiser des personnes qui se montrait … douces avec toi. Fallait dire que t’aidais pas. Avec ta grande gueule, ton sale caractère qui te poussais un peu trop souvent à devenir carrément vulgaire, juste pour marquer les esprits, te faire remarquer, en un sens.

Disponible tout le temps … c’était un plus. Pour toi, c’était même un gros plus. Tu étais lunatique. C’était un fait. Si tu attendais trop longtemps pour faire les choses, après avoir pris une décision, tu finissais immanquablement par laisser tomber, parce que tu changeais d’humeur, parce que tu finissais par tout envoyer en l’air. Alors, pouvoir appeler quand tu voulais, c’était bien. Ça te permettrait de le faire, sur l’instant « T » sans perdre trop de temps en réflexions.

La carte posée près de toi, tu l’attrapes rapidement pour l’examiner. Nom, numéro de téléphone… tu relèves les yeux vers lui, quand il souligne qu’il s’agit là de son numéro personnel, et qu’il préférait que tu évites de le communiquer. Comment tu devais prendre ça, sérieusement ? « Personnel … vous donnez souvent votre numéro personnel aux élèves de cette fac ? » Oh, tu taquines. Ce n’est pas une critique. D’ailleurs, tu lui souris, un vrai sourire sincère, de ceux qui n’apparaissaient que très rarement sur ton visage. Et rapidement, tu ajoutes. « Je vais le garder juste pour moi … c’est promis. » La carte entre tes doigts, tu viens soigneusement la glisser dans une poche de ton sac, que tu refermes pour ne pas la perdre. « Je vous appellerais, peut-être … Sans doute. »

Ça lui arrive … Pourquoi ? Qu’est-ce que tu pouvais bien avoir de si particulier pour que tu fasses partie de ces gens avec lesquels ça arrivait ? Avais-tu l’air d’aller si mal que ça ? Ou alors, cela se lisait-il sur ton visage, que tu avais des soucis dans ta pauvre tête, à l’intérieur même de ton fichu cerveau. Tu aurais juré que non. Et pourtant. Qu’en savais-tu ? Il avait l’œil du professionnel, après tout. Peut-être qu’à lui, ça lui sautait aux yeux. Un léger soupire s’échappe de tes lèvres. Tu sers la lanière de ton sac entre tes doigts, tandis que l’homme s’éloigne de quelques pas. Il te remerciait … toi. Franchement. C’est pas comme si t’étais en mesure de vraiment lui causer du tort, avec son numéro. Pourtant, au fond, tu comprenais bien qu’il devait prendre un risque en te le filant, ce putain de numéro. Et tu comprenais pas totalement pourquoi il le prenait, ce risque, d’ailleurs. « Parler… » Ça faisait combien de temps, que personne n’avait discuter avec toi, ou plutôt, combien de temps que tu n’avais pas pris le temps, ou la peine, de te poser avec quelqu’un pour discuter au lieu de lui hurler dessus. « C’est vrai que ça fait longtemps que j’ai pas fais ça. »

Tu te redresses un peu. Tu te remets bien droit, sur tes jambes, t’étirant légèrement avant de faire quelques pas dans sa direction. « J’ai plutôt tendance à hurler sur les gens, d’habitude, vous savez. Je peux pas spécialement m’en empêcher. » T’avais rien d’une fille calme. Rien d’une fille douce. T’étais franchement pas un modèle à suivre, bon sang, et t’étais absolument le genre de nana que les autres aimaient fréquenter. Normal. C’était de ta faute. Tu l’assumais. C’était comme ça. D’ailleurs, tu n’étais même pas en train de te plaindre, juste d’énoncer un fait. Ou peut-être de le mettre en garde, aussi. Il avait pris le temps, pour toi, manquerait plus que tu pètes un câble, et que tu te mettes à lui hurler dessus, lui aussi. T’aurais encore tout gâcher. Pour une fois que quelqu’un semblait disposé à t’accorder du temps, et de l’attention, juste pour toi. Maintenant, t’avais peur de le faire fuir, de tout fiche en l’air, de … merder. Comme toujours. « Il parait que je suis pas vraiment fréquentable. Ou pas faites pour … les contacts humains, aussi. Je sais pas trop. Ce que je sais c'est que j'ai bien envie d'essayer de parler avec vous. »

C’est si rare quand tu parles autant … Ta voix si calme, si posée, presque douce te surprends toi-même. Elle n’est déformée par aucune forme de colère. Qui ne vient la parasiter. Elle est neutre. Naturelle. C’est ta voix, la tienne, celle que tu as quand tu ouvres la bouche le plus normalement du monde et pourtant, tu as l’impression que c’est celle d’une inconnue, tant tu l’entends si peu souvent. Et pourtant, pourtant tu as envie de parler, maintenant. C’est pas trop prévu. Ni pour toi, ni pour lui, et ça tu le sais. Peut-être que tu commences déjà à aller dans l’excès, mais pour dire, c’est pas comme si t’y pouvais quelque chose. Il y a … un truc chez lui. Un petit rien. Tu sais pas ce que c’est, et tu ne sais même pas quoi en penser. C’est une différence nette qui se lit autant dans ses gestes que dans ses paroles. C’est tellement bizarre. Tu ne le connais pas, ce type, Amy. Le truc, c’est qu’il te laisse le choix. Parler, ou hurler. Il s’en fiche. Il dit qu’il s’en fiche. Et t’as bien envie de le croire, parce que c’est rare qu’on vienne te prendre telle que tu es, sans essayer de te changer, sans tenter de te calmer, ou d’apaiser la tempête qui gronde toujours en toi. Tu fais comme tu veux … et tu baisses les yeux. Tu fixes le sol, tes pieds. Aussi plaisant que flippant, en réalité. Tu veux pas qu’on t’impose de limites dans ton comportement et en même, tu sais que tu en aurais quand même vachement besoin, au final.

Humaine. Humaine. « Humaine … » C’est un mot qui se répète comme un hurlement qui fait écho dans un canyon gigantesque. Humaine. Normale. « Vraiment ? » Peut-être. Possiblement. Tu fais un pas ou deux, en plus. Tu t’approches. Tu viens là, juste devant lui. Il est bien plus grand que toi, au moins vingt centimètres de plus, si ce n’est plus. Il te faut lever la tête, pour capter son regard, planter ton regard dans le sien. C’est juste ses yeux que tu observes. C’est vrai qu’il est particulier son regard. Mais encore une fois, tu saurais pas dire en quoi. « J’aime bien vos yeux. » Bon. Oui. D’accord. Très bien. Pour quelqu’un d’autre, une autre fille, ça aurait sans doute été super gênant. Mais pas toi. Au contraire. Toi, ça va. Même que tu lui souris maintenant, avant de reculer. « Je vous appellerais sans faute... Monsieur Blackburn. » Le nom a peine lu sur la carte. Et tu l’avais parfaitement retenu. « Pour parler ou pour hurler. » En attendant, t’allais pas le retenir ici plus longtemps. Tu avais sans doute assez abusé de son temps. « Merci pour les comprimés, et … bonne journée, je suppose. » En tout cas, pour toi. Elle était bonne pour une fois. Si bonne, que t’as même encore un sourire en ressortant de l’infirmerie…